Présentation de l'exposition

 

ces images sont des traces de vie glanées ici ou là, dans des lieux très divers, au gré de mes déplacements. Pour les saisir, il fallait être suffisamment attentif pour reconnaître mon sujet et le défaire de la gangue de réel environnant .

Tout était là. Déjà là.

 

J'aime prendre le temps de construire l'image, dessiner son cadre, équilibrer sa composition. Par quelques déplacements, faire des choix : élaguer ce qui pourrait encombrer pour garder l'essentiel. Trouver la géométrie optimale de la composition. De cette façon, j'ai l'impression de tendre des lignes de forces d’un point à l’autre de l’image, comme on banderait la corde d’un arc pour en délivrer la puissance.

 

Il n’y a pas vraiment d’unité entre ces images, encore moins de série (au sens d’un travail sériel). Il faut bien reconnaître et accepter leur disparité. Je la revendique et elle me plait. Entre elles, je perçois néanmoins une résonnance suffisante pour former des harmoniques.

Presque toujours, ces images sont une célébration pudique de l’instant... J'aime saisir la beauté ou mettre en lumière l'étrangeté et l'humour.

 

J’aime les traces légères, fugaces, éphémères. J’aime les saisons. Leur succession. Leurs surprises infinies. Un soleil cru, des ombres profondes ; une brume et le réel évanescent…

Et de nouveau, la glace qui pétrifie, la neige qui uniformise et assourdit.

 

Ces photos sont de petits poèmes qui célèbrent la vie et son éclat comme sa fragilité. L'instant présent et le temps qui passe.

 

Simples et modestes, leur signification reste ouverte.

Poésie instinctive et directe.

A travers ces images il y a la prétention alchimique de transformer le plomb en or : regarder le banal, le quotidien, l’anodin, le trivial… le regarder vraiment. Et à travers lui, déceler la lumière, la brillance, la rareté.

 

Si l’humain ne se manifeste dans ces images qu'à travers quelques rares silhouettes, sa présence reste presque partout perceptible à travers les marques qu’il laisse dans le paysage. Son ombre plane un peu partout. Et c'est rarement sérieux. Quand il y a de l’humain, j'aime qu'il y ait aussi de l’humour.

Sans éclat, sans bruit exagéré… juste l’intelligence en éveil qui note de surprenantes coïncidences ; une incongruité ; un agencement insolite : de vrais cadeaux pour l'oeil et l’esprit.

 

Ces images ne sont pas faites pour penser. Elles ne développent pas de discours.

Ça repose, non ?

Elles sont faites pour voir, simplement.

 

Bertrand Perret

Le 17 mars 2017